lundi 30 novembre 2009

"Ce qui m’importe c’est avoir le droit et le devoir de vivre dans une unité originale et exigeante qui rassemble les gens d'opinions, de religions et de convictions diverses, [...]"

Le blog participatif ça intimide.

On se dit
« Faut pas dire n'importe comment ses petites idées de quidam ! »
Mais je vais me lancer,
petit à petit,
au coup par coup.
Les longs discours ne sont pas dans mes capacités
mais
le sujet est bien trop important: ne pas réagir ne serait pas citoyen, n’est-ce pas ? !


Fière d'être française ?
Et pourquoi donc ?


Je suis française,
un point un trait.


Je n'en ai donc aucune fierté ni honte,
c'est un fait,
selon des critères définis par la législation française
qui devraient être basés sur des valeurs de la République française
et respectueux du message universel des droits de l’homme.


Etre fière … de quoi ?


Je suis fière d’acquérir encore des connaissances dès lors qu’il y a un tant soit peu de développement, d’épanouissement et de lucidité.

Je suis fière d’agir dès lors que ça amène une valeur ajoutée à mon bien-être, au bien-être des autres, au bien-être de la communauté,

Je suis fière quand j’arrive à dire ce que je fais et arrive à faire ce que je dis, sans grandiloquence, juste pas à pas le chemin d’un être qui se veut humain.
Ça n’a rien à voir avec le fait d’être française,
je peux ainsi énoncer une suite de ce que je suis qui me construit, dont entre autres le fait d’être française.


Et cette liste évoque mon histoire dans l’Histoire, mon parcours parmi d’autres :


Je suis terrienne et banlieusarde.


Je suis française et malienne.


Je suis d’ici et là-bas à la fois.


Je suis femme et universellement d’abord un être humain.


Je suis catholique et laïque.


Mais quoi d’autre encore ?



Ce qui m’importe c’est avoir le droit et le devoir de vivre dans une unité originale et exigeante qui rassemble les gens d'opinions, de religions et de convictions diverses, des minorités de toutes sortes en une communauté : la France en est une, défendons sa diversité qui fait son harmonie.



N'DIAYE Hélène EMERY

samedi 28 novembre 2009

"Nous, immigrés volontaires, (...) nous avons certainement une riche contribution à apporter au débat.


Comme une majorité de Français, 64% des personnes interrogées, (enquête BVA les 27 et 28 octobre), je considère que l’objectif principal du gouvernement correspond, par le biais de ce débat, à une volonté de mobiliser les électeurs de droite en vue des élections régionales. D’autre part, il est inquiétant qu’un ministère créé en 2007 attende deux ans avant de tenter de se définir ! En même temps, cette opération 100% politique fait ressurgir un débat digne d’attention.


Nous, immigrés volontaires, au contraire de beaucoup forcés à quitter leur pays d’origine, nous avons certainement une riche contribution à apporter au débat. L’heure est à l’universalité. La France a apporté au monde une certaine conception de l’universalité des droits et de la République. Au XVIIIème siècle, les droits de l’Homme ne sont pas les droits des Français car le message se voulait universel. Cependant, comme tous les grands pays d’immigration, la France doit poser, ou reposer, la question de son identité nationale. Ses traits ne peuvent avoir la fixité d’un Dorian Gray mais s’enrichissent, s’ajustent et évoluent au gré des vagues migratoires. Si nous recentrons le débat sur la volonté de vivre ensemble et non simplement les références à l’histoire, à la « terre » et au « sang », alors la gauche a son rôle à jouer dans la définition contemporaine de l’identité française. Il n’est plus question de définir les soi-disant « bons Français » des mauvais. Le débat devient une dynamique de rassemblement, sous-tendue par des valeurs qui sont celles de la République. La République a un idéal « liberté, égalité et fraternité ». Elle a une langue, le français. Elle a enfin un acteur central, l’Etat, gardien de l’intérêt général.


Les concepts d’identité et de nation existent depuis longtemps mais l’expression « identité nationale » n’existe que depuis les années 1980. Le premier livre dont le titre contient l’expression « identité nationale » remonte à 1978 (catalogue de la BNF). Il est plus facile d’écrire sur les nations, formées les unes par rapport aux autres et que certaines caractéristiques distinguent que sur les identités nationales qui sont des phénomènes transnationaux. La nation est le résultat de la volonté générale suivant le nationalisme républicain qui suppose l’adhésion à des valeurs communes. Au contraire elle est fondée sur l’hérédité, la terre et la religion catholique plutôt que la race suivant le nationalisme fermé de Maurras et Barrès. Mario Vargas Llosa nous rappelle combien ce nationalisme est dangereux : « Si l’on considère le sang qu’elle a fait couler au cours de l’histoire… l’alibi qu’elle a offert à l’autoritarisme, au totalitarisme, au colonialisme, aux génocides religieux et ethniques, la nation me semble l’exemple privilégié d’une imagination maligne ».


Les valeurs de gauche que nous défendons se retrouvent parfaitement dans une identité démocratique – expression que je préfère à identité nationale. Cette identité-là reflète les avancées politiques et les droits dont jouit le peuple – droit de vote, liberté de parole, droit à l’éducation etc. Cette identité démocratique n’a rien à voir avec une longue liste d’obligations que l’on devrait « cocher » pour se sentir bien Français, comme par exemple, connaitre les paroles de la Marseillaise. Elle ne peut constituer un obstacle pour refuser l’entrée sur le territoire français, comme le test sur les valeurs républicaines imposé à un étranger qui demande un visa. Elle n'autorise pas non plus un jeu d’opposition entre « nous » et « l’autre ». Elle ne permet pas le communautarisme mais réunit une communauté civique autour des principes juridiques et politiques et non simplement de langue et de traditions.


Notre interrogation doit être aussi plus riche et plus durable. Le couplage de la nation avec l’identité ou avec l’immigration est dangereux et laisse la porte ouverte à toutes les dérives. Préférons au contraire les identités au pluriel. Interrogeons les processus d’adhésion et de rejet à une identité parfois assignée plutôt que choisie. Posons la question de l’intégration trop souvent perçue comme une assimilation et donc perte de sa culture. Enfin, posons des questions plutôt que d’essayer d’avancer des affirmations. Ce débat ne peut être figé dans le temps. Il ne faut pas qu’il devienne une machine à exclusion.


Helene Conway, Dublin

vendredi 27 novembre 2009

"Cette "mosaïque" identitaire ne serait rien sans le ciment qui les unit, à savoir les valeurs de la République, qui depuis la Révolution sont les valeurs de la Nation."

Intervenant après avoir lu les contributions de François Nicoullaud et Monique Cerisier ben Guiga, je ne peux bien sur que partager cette vision d'une identité comme destin choisi et partagé dans la tradition de Renan. Je souhaitais seulement ajouter un ou deux commentaires complémentaires.


L'identité n'est pas un état de fait: c'est aussi une perspective. Même si elle projette notre propre ombre devant nous, nous laissons quelques pas dans le noir, pour reprendre une image d'Hannah Arendt, l'histoire nous éclaire et nous aide à voir où nous allons avec notre identité "composite et fluctuante" pour reprendre les termes de Monique. Cette "mosaïque" identitaire, tant personnelle que sociale, qui nous constitue est une belle image. Au delà de la beauté des éléments qui la constituent, de la qualité de leur assemblage, cette "mosaïque" identitaire ne serait rien sans le ciment qui les unit, à savoir les valeurs de la République, qui depuis la Révolution sont les valeurs de la Nation.

Au delà du fond de la question qui mérite et méritera toujours une vraie discussion, il convient aujourd'hui de combattre la manière opportuniste dont ce débat est ouvert par Nicolas Sarkozy, via Eric Besson. Si bien sûr la gauche et la droite (ou plutôt les gauches et les droites) ont pu et peuvent encore se distinguer dans l'approche politique de ce thème de l'identité nationale, je pense que le débat actuel n'est pas un affrontement idéologique gauche-droite simpliste; ne tombons pas dans ce piège. Des tas de gens issus de la tradition "des droites" ne se retrouvent visiblement pas dans ce débat et surtout dans la manière dont il est tactiquement utilisé.

Ma conviction est que ces petits jeux ne prennent plus vraiment, ou du moins plus autant que ceux qui instrumentalisent ce débat le croient ou l'espèrent. C'est donc bien en s'emparant de ce débat et en l'élevant que nous contribuerons à mettre cette approche populiste en échec. La modeste mais riche contribution des Français du Monde peut largement aider à élargir les perspectives et la mise en ligne de ce forum est donc une très bonne idée.



Pierre Avédikian, Autriche

mardi 17 novembre 2009

Identité nationale et fierté d'être Français

C'est pas moi qui le dis, c'est M. Besson : il faut réaffirmer la fierté d'être français. Cela m'a fait réfléchir au nombre de fois où je me suis senti fier d'être français.

En fait, je suis plutôt fier d'être breton. Fier de mes grands-parents qui ont dû quitter leur famille et émigrer pour que leurs enfants aient une vie meilleure. Fier des poilus bretons à qui on ne demandait pas de parler français pour servir de chair à canon. Par contre on interdisait à leurs enfants de parler breton dans les cours d'école gratuite, laïque et obligatoire quelques années plus tard.

On a essayé de me faire croire, lorsque j'étais à l'armée que, là où flotterait un drapeau français, la terre serait libre. Alors qu'en 2009, un Français de couleur noire est contrôlé 6 fois plus souvent par la police qu'un Français de couleur blanche et un Français d'ascendance nord-africaine sera contrôlé 8 fois plus souvent.


Il m'arrive d'être fier d'être européen, mais lorsqu'il a fallu que je défende mon ami espagnol qui venait s'inscrire à l'ANPE juste après être arrivé en France pour que ses droits soient respectés, je me suis demandé comment les milliers de sans-papiers ont pu prendre connaissance de leurs droits s'ils ne maîtrisaient pas notre langue.

Il m'arrive d'être fier d'être un être humain, lorsque des vacanciers sur une plage naturiste en Espagne viennent en aide à des émigrés atteignant la côte espagnole après une traversée de la Méditerranée, morts de froid et en pleine déshydratation.

Je ne suis pas fier d'être un être humain lorsque, lors d'un match de foot, 75 000 personnes imitent les cris d'un singe dès qu'un joueur de couleur touche le ballon. J'ai, à ce moment-là, envie d'être un singe.


Claude Chapron

lundi 16 novembre 2009

"Etre français, c'est juste (...) être français du monde"...

Etre français, c’est juste, comme le dit si bien le nom de l’ADFE, être Français du monde et c’est dommage que le gouvernement de M. Sarkozy n’ait pas compris cela… Mais je crois que c’est le contraire : ils l’ont compris et le combattent et c’est cela le pire !



Younes Benali
Rabat

mardi 10 novembre 2009

"La nation française, c'est la collectivité des gens qui ont envie de vivre ensemble comme dans une grande famille..."

Il est évidemment désolant de voir un gouvernement s'emparer d'un thème aussi complexe que la définition d'une identité collective pour en faire un thème d'opération politique. Mais rien ne nous empêche en effet de retourner à nouveau le sujet pour approfondir notre réflexion philosophique, sociologique, et même politique autour de la question.

Avant tout, que mettons-nous dans les mots?



Identité : ce qui fait que nous sommes nous-mêmes, et pas un autre. Ce peut être des traits physiques (taille, sexe, couleur de peau...) ou psychologiques (quotient intellectuel, traits de caractère). Ce peut être aussi non seulement ce que nous sommes, mais ce que nous faisons, avons fait, allons faire (activités en tous genres, profession, réalisations, projets). Ce peut être enfin ce qui nous relie aux autres (relations familiales - fils ou fille de ... mère ou père de... - appartenance à tel ou tel mouvement, ou religion, et bien entendu, usage de telle ou telle langue). Contribue aussi à notre identité notre implantation à tel ou tel endroit, donc notre lieu de naissance ou notre adresse.


L'on voit bien que transposer ces traits au niveau collectif est un exercice périlleux, qui peut tourner à la caricature. C'est en particulier vrai pour tout ce qui touche au physique, quand on dit que les Chinois sont jaunes : que fait-on alors de toutes les autres ethnies de la Chine? Mais c'est vrai aussi pour le reste, par exemple pour les réalisations, c'est-à-dire à niveau collectif le patrimoine ou la culture. Nous avons construit des cathédrales, mais d'autres aussi. Nous nous sommes proclamés "patrie des droits de l'homme" mais les Anglais nous ont de beaucoup précédés avec l'Habeas corpus, ou les Américains dans leur déclaration d'indépendance. Et puis, si nous avons défendu les droits de l'homme, nous les avons en beaucoup de circonstances combattus etc. Même sur la langue, qui certes est un puissant facteur de cohésion collective, il faut apporter des nuances. De grands Français ont très mal parlé le français. Par exemple Kléber, dont Bonaparte disait : "il parle allemand, mais il sabre français". Dès que l'on touche au collectif, l'on est donc forcé d'y aller avec de très grandes précautions, en introduisant à tout moment des réserves et des exceptions : une grande majorité de Français habite en France, mais pas tous, une majorité de Français se dit catholique, mais pas tous, une majorité de Français a le type caucasien, mais pas tous, une grande majorité de Français parle et écrit français, mais plus ou moins bien... enfin, comme d'ailleurs pour l'individu, tous ces traits évoluent continûment dans le temps. Le portrait collectif des Français au XIXème siècle n'est pas celui des Français d'aujourd'hui. Quant à la filiation génétique, en dégager une identité est encore plus périlleux. A peine plus d'un dizième des Français ayant vécu au moment de la Révolution française avait un descendant vivant au début du XXème siècle. Alors, aujourd'hui...



Nation, maintenant. Au départ, c'est-à-dire au Moyen-Âge, le terme couvrait des collectivités assez réduites. Du temps de Philippe Auguste, la Nation, telle qu'elle est apparue à la bataille de Bouvines, c'était en gros le Roi et la noblesse qui combattait avec lui. A la Sorbonne, l'on parlait par exemple de nation hongroise pour évoquer la communauté des étudiants hongrois qui s'y regroupait. C'est avec la Révolution française que le terme s'est étendu à l'ensemble des Français, d'où l'expression de "Grande Nation", très mal interprété d'ailleurs par les Allemands, qui y voyaient une marque d'orgueil national. La Grande Nation, c'était la famille élargie à l'ensemble des Français, c'était une façon de dire que tous les Français appartenaient au fond à la même grande famille.



Une fois dit tout cela, ayant donc éliminé tout le flou qui entoure les tentatives de définition d'une identité collective, l'on voit bien que ce qui reste quand on tente de cerner les fondements du sentiment d'appartenance à une collectivité nationale, c'est précisément l'envie d'y appartenir. La nation française, c'est la collectivité des gens qui ont envie de vivre ensemble comme dans une grande famille : une grande famille où l'on se bagarre, où l'on s'engueule sans doute, mais pas au point de rompre le pacte implicite de continuer, quoi qu'il en coûte, de vivre ensemble, notamment parce qu'on partage un certain nombre de mêmes souvenirs (pas forcément bons d'ailleurs, loin de là...) et donc une même histoire. Ceci n'a rien d'original, c'est la conclusion à laquelle sont parvenus tous les penseurs qui se sont penchés sur la question. Et si le débat qui est lancé par le Gouvernement était honnête (mais on peut en douter), c'est la seule conclusion à laquelle il puisse parvenir.


François Nicoullaud









lundi 9 novembre 2009

Identités: Français du Monde-ADFE donne la parole aux Français de l'étranger.



S’il existe une identité de chaque Nation, dont les évolutions sont si lentes qu’elles donnent l’impression de la fixité, il est douteux que les citoyens soient définis par une "identité nationale". Un être humain a une identité composite et fluctuante. "C’est toujours le même fleuve, jamais la même eau." Il ne se confond totalement avec aucune de ses appartenances : liens de parenté, activité professionnelle, classe sociale, sexe, âge, rien ne le définit totalement et définitivement. C’est pourquoi nous, Français à l’étranger, toujours en processus d’adaptation et de remise en cause, sommes particulièrement heurtés par un débat sur une "identité nationale" statique, qui exclut plus qu’elle ne rassemble.
A mi-mandat présidentiel, à quelques mois des élections régionales, la majorité ressentait le besoin d’alimenter le créneau électoraliste par un thème soigneusement mêlé, voire confondu avec celui de l’immigration. "Qu’est-ce qu’être français aujourd’hui ?", nous demande le ministre avec pour finalité, nous dit-il, d’"aboutir à des propositions concrètes, permettant de renforcer notre cohésion nationale et de réaffirmer notre fierté d’être français." Français du Monde-ADFE ne peut que condamner la manipulation politicienne malsaine à l’origine de ce débat. Difficile pour notre association d’accepter d’y participer sous la forme imposée par le gouvernement.
Toutefois, nous savons aussi que la vie à l’étranger crée des attachements particuliers, une autre façon de voir la France et de s’identifier au pays. Le point de vue des Français de l’étranger doit donc être connu.
Les forums de l’association ont montré que cette actualité suscite un vrai intérêt parmi nos adhérents. Français du Monde-ADFE se propose donc de publier un blog jusqu’au 20 janvier. Les Français de l’étranger pourront en prendre possession pour s’exprimer sur ce qu’est "être Français". En effet, les absents ont toujours tort : la voix des Français de l’étranger fidèles aux valeurs de gauche doit être entendue. A vous de prendre la parole.

Monique Cerisier ben Guiga
Présidente de Français du Monde-ADFE

Les textes proposés pour le blog sont modérés par des responsables de l’association selon les règles suivantes :
- Les textes devront être proposés par mail à l'adresse suivante: blog@adfe.org
- Les textes publiés doivent être conformes aux lois de la République et à la déclaration universelle des droits de l’homme, qui correspondent aux valeurs défendues par l’association.- Pour être publiés en intégralité, les textes ne devront pas excéder 750 mots (soit environ 5000 signes espaces compris). Les textes plus longs pourront toutefois être publiés sous forme d’extraits significatifs, pour faciliter la lecture et la diffusion.
- Dans ses choix éditoriaux, l’association veillera à la qualité des textes publiés : syntaxe et orthographe, prise en compte des règles de respect et de courtoisie (pas de mise en cause personnelle, signalement des citations, …) Les auteurs restent responsables et propriétaires de leurs textes.
- Une synthèse sera rédigée sur la base des contributions dès la fin février 2010 et diffusée.