Au début, tout était simple. Etre Français à l’étranger, quand on est enfant et qu’on n’a connu que ça, ça peut être très facile. Née au Maroc, arrivée en Australie à l’âge de six ans, j’ai vécu pour la première fois en France en arrivant à la Réunion, vers mes 12 ans. Si mon statut d’étrangère s’est régulièrement posé à moi, rien ne m’avait préparée à l’avalanche de questionnements intimes provoquée par mon arrivée en France – ni aux doutes qui m’assaillent encore, en particulier lorsque j’écoute la radio de bon matin et que ma journée est gâchée par une énième citation grotesque autour de l’identité nationale.
Blondinette qui attendrissait les voisins en invectivant les éboueurs en arabe ; « French frog » pour certains élèves australiens de l’école qui hébergeait l’établissement français que je fréquentais – nous faisions plutôt figure de privilégiés - ; « zoreil » un brin hautaine pour mes camarades de classe réunionnais à mon arrivée...voilà ce que j’ai été. Une fille qui a les larmes aux yeux dans l’avion qui s’apprête à se poser au Maroc ; une Réunionnaise à qui son île manque parfois cruellement ; une nana qui peine à dissimuler son accent australien lorsqu’elle s’exprime en anglais… voilà ce que je suis, parmi tant d’autres choses.
Et la France dans tout ça ? Avant de venir dans l’hexagone, ce n’était pas excessivement compliqué. Encouragée par le bicentenaire de 1989, je braillais la Marseillaise avec entrain. La France était le pays de mes parents et celui de mon éducation : le fait même d’avoir suivi un enseignement français m’inscrivait dans la logique du « retour au bercail », un jour ou l’autre. Un an avant mon grand départ pour la métropole, la coupe du monde de football de 1998 m’avait confortée dans une vision idyllique d’une France métissée et solidaire. Une fois sur place, les joies de la ville émoussées, j’ai découvert avec horreur le froid (pensez-vous, 12° en septembre !), les petites dames dont la peur des jeunes messieurs avait une relation directe avec la couleur de la peau desdits messieurs, la violence de l’exclusion et de la pauvreté, la tristesse des visages matin et soir dans le métro, l’individualisme poussé à l’extrême, les identités locales auxquelles je me sentais étrangère… « Alors, c’est comme ça, « chez moi » ? »
Ce n’est pas facile de découvrir que le pays auquel on s’identifiait naturellement n’est pas tel qu’on l’avait imaginé. Je m’y suis faite, en partie. Je me suis construit une petite muraille autour du cœur pour éviter qu’il ne se brise à la vue d’un homme qui dort sur une bouche d’aération ; j’ai appris à comprendre les blagues à caractère régional qui m’échappaient complètement ; je guette avec impatience, tous les ans, les premiers signes d’un printemps qui se mérite par de longs mois de grisaille… Je comprends aussi la chance que j’ai d’être citoyenne d’un pays développé, mais sans en ressentir tellement de fierté. Bien sûr, en pensant à mon pays, je vois la Révolution française ; de grands auteurs – Voltaire, Camus, Albert Cohen et tant d’autres que je chéris ; les délices d’une pâtisserie inégalée (ça aussi, ça compte !), les maquisards dont mon grand-père faisait partie, les hussards noirs de la République… Mais je vois aussi la responsabilité de notre pays dans la Shoah, la traite négrière à son zénith alors même que nos Lumières inventaient les droits de l’Homme, les essais nucléaires dans le Pacifique et en Algérie et le racisme à peine voilé qui se déchaîne aujourd’hui grâce au bon vouloir du gouvernement.
Quand je vais à l’étranger, je retrouve une certaine facilité à être française entre les « aaaaaaaaww, Paaaaaaaris ! » des Américains, les gentilles moqueries des Belges, la curiosité des Thaïs… Finalement, la meilleure solution est peut-être d’être Française à l’étranger. C’est sans doute un peu lâche, mais parfois il me semble que la fuite permet de retrouver son pays idyllique !
Julia Trinson
mercredi 13 janvier 2010
lundi 7 décembre 2009
"Arrêtons ces histoires d’identité nationale et essayons plutôt de comprendre pourquoi certains Français ou étrangers se sentent rejetés."
Identité nationale : ma carte d’identité indique française. C’était une évidence et je ne me posais pas la question de savoir ce que voulait dire être française.
J’ai eu parfois à l’étranger l’occasion de me rendre compte que j’étais française pour les autres : au Maroc, en 58, où même gentiment on me faisait sentir que j’appartenais à un pays qui avait colonisé. A Bogota où les Colombiens que je fréquentais étaient persuadés qu’en tant que Française, moi petite instit, je discutais avec Sartre à la terrasse du Flore ! Pour eux être Français c’était être très cultivé! A Buenos Aires, je me suis rappelée ma nationalité quand, le président Pompidou étant décédé, les Argentins m’ont présenté leurs condoléances. En Espagne, en 71, il y avait encore une certaine animosité contre les Français, venant des milieux post-franquistes à cause de Napoléon. Et gare aux pneus d’une voiture immatriculée de France le « Dos de Mayo » !
Donc, qu’on n’y pense ou pas, on doit assumer à l’étranger tous les a priori sur les Français, de même que nous généralisons des traits soi-disant allemands, anglais ou maghrébins. Par contre en France, la question d’identité ne se pose pas quand on a l’air «français de souche ». Mon cousin qui a un type méditerranéen (corse) plus marqué que moi a eu dans les années 60, pendant la guerre d’Algérie, des problèmes avec la police qui le prenait pour un Algérien et donc pour un fellagha. Dans ce cas là, c’était le faciès qui vous faisait français ou pas, comme aujourd’hui.
On a pourtant fait des progrès, car en 1880 à Agde, la populace a lynché à mort 80 ouvriers agricoles italiens sous l’œil indifférent de la police, au prétexte qu’ils leur prenaient leur travail, le tout manipulé par des politiciens.
Pour le moment on n’en est pas là, mais attiser les peurs et instrumentaliser les différences est toujours dangereux. Alors arrêtons ces histoires d’identité nationale et essayons plutôt de comprendre pourquoi certains Français ou étrangers se sentent rejetés. Ce débat ne sert qu’à réveiller des peurs qui servent certains politiques.
Mona Muraccioli
J’ai eu parfois à l’étranger l’occasion de me rendre compte que j’étais française pour les autres : au Maroc, en 58, où même gentiment on me faisait sentir que j’appartenais à un pays qui avait colonisé. A Bogota où les Colombiens que je fréquentais étaient persuadés qu’en tant que Française, moi petite instit, je discutais avec Sartre à la terrasse du Flore ! Pour eux être Français c’était être très cultivé! A Buenos Aires, je me suis rappelée ma nationalité quand, le président Pompidou étant décédé, les Argentins m’ont présenté leurs condoléances. En Espagne, en 71, il y avait encore une certaine animosité contre les Français, venant des milieux post-franquistes à cause de Napoléon. Et gare aux pneus d’une voiture immatriculée de France le « Dos de Mayo » !
Donc, qu’on n’y pense ou pas, on doit assumer à l’étranger tous les a priori sur les Français, de même que nous généralisons des traits soi-disant allemands, anglais ou maghrébins. Par contre en France, la question d’identité ne se pose pas quand on a l’air «français de souche ». Mon cousin qui a un type méditerranéen (corse) plus marqué que moi a eu dans les années 60, pendant la guerre d’Algérie, des problèmes avec la police qui le prenait pour un Algérien et donc pour un fellagha. Dans ce cas là, c’était le faciès qui vous faisait français ou pas, comme aujourd’hui.
On a pourtant fait des progrès, car en 1880 à Agde, la populace a lynché à mort 80 ouvriers agricoles italiens sous l’œil indifférent de la police, au prétexte qu’ils leur prenaient leur travail, le tout manipulé par des politiciens.
Pour le moment on n’en est pas là, mais attiser les peurs et instrumentaliser les différences est toujours dangereux. Alors arrêtons ces histoires d’identité nationale et essayons plutôt de comprendre pourquoi certains Français ou étrangers se sentent rejetés. Ce débat ne sert qu’à réveiller des peurs qui servent certains politiques.
Mona Muraccioli
lundi 30 novembre 2009
"Ce qui m’importe c’est avoir le droit et le devoir de vivre dans une unité originale et exigeante qui rassemble les gens d'opinions, de religions et de convictions diverses, [...]"
Le blog participatif ça intimide.
On se dit
« Faut pas dire n'importe comment ses petites idées de quidam ! »
Mais je vais me lancer,
petit à petit,
au coup par coup.
Les longs discours ne sont pas dans mes capacités
mais
le sujet est bien trop important: ne pas réagir ne serait pas citoyen, n’est-ce pas ? !
Fière d'être française ?
Et pourquoi donc ?
Je suis française,
un point un trait.
Je n'en ai donc aucune fierté ni honte,
c'est un fait,
selon des critères définis par la législation française
qui devraient être basés sur des valeurs de la République française
et respectueux du message universel des droits de l’homme.
Etre fière … de quoi ?
Je suis fière d’acquérir encore des connaissances dès lors qu’il y a un tant soit peu de développement, d’épanouissement et de lucidité.
Je suis fière d’agir dès lors que ça amène une valeur ajoutée à mon bien-être, au bien-être des autres, au bien-être de la communauté,
Je suis fière quand j’arrive à dire ce que je fais et arrive à faire ce que je dis, sans grandiloquence, juste pas à pas le chemin d’un être qui se veut humain.
Ça n’a rien à voir avec le fait d’être française,
je peux ainsi énoncer une suite de ce que je suis qui me construit, dont entre autres le fait d’être française.
Et cette liste évoque mon histoire dans l’Histoire, mon parcours parmi d’autres :
Je suis terrienne et banlieusarde.
Je suis française et malienne.
Je suis d’ici et là-bas à la fois.
Je suis femme et universellement d’abord un être humain.
Je suis catholique et laïque.
Mais quoi d’autre encore ?
Ce qui m’importe c’est avoir le droit et le devoir de vivre dans une unité originale et exigeante qui rassemble les gens d'opinions, de religions et de convictions diverses, des minorités de toutes sortes en une communauté : la France en est une, défendons sa diversité qui fait son harmonie.
N'DIAYE Hélène EMERY
On se dit
« Faut pas dire n'importe comment ses petites idées de quidam ! »
Mais je vais me lancer,
petit à petit,
au coup par coup.
Les longs discours ne sont pas dans mes capacités
mais
le sujet est bien trop important: ne pas réagir ne serait pas citoyen, n’est-ce pas ? !
Fière d'être française ?
Et pourquoi donc ?
Je suis française,
un point un trait.
Je n'en ai donc aucune fierté ni honte,
c'est un fait,
selon des critères définis par la législation française
qui devraient être basés sur des valeurs de la République française
et respectueux du message universel des droits de l’homme.
Etre fière … de quoi ?
Je suis fière d’acquérir encore des connaissances dès lors qu’il y a un tant soit peu de développement, d’épanouissement et de lucidité.
Je suis fière d’agir dès lors que ça amène une valeur ajoutée à mon bien-être, au bien-être des autres, au bien-être de la communauté,
Je suis fière quand j’arrive à dire ce que je fais et arrive à faire ce que je dis, sans grandiloquence, juste pas à pas le chemin d’un être qui se veut humain.
Ça n’a rien à voir avec le fait d’être française,
je peux ainsi énoncer une suite de ce que je suis qui me construit, dont entre autres le fait d’être française.
Et cette liste évoque mon histoire dans l’Histoire, mon parcours parmi d’autres :
Je suis terrienne et banlieusarde.
Je suis française et malienne.
Je suis d’ici et là-bas à la fois.
Je suis femme et universellement d’abord un être humain.
Je suis catholique et laïque.
Mais quoi d’autre encore ?
Ce qui m’importe c’est avoir le droit et le devoir de vivre dans une unité originale et exigeante qui rassemble les gens d'opinions, de religions et de convictions diverses, des minorités de toutes sortes en une communauté : la France en est une, défendons sa diversité qui fait son harmonie.
N'DIAYE Hélène EMERY
samedi 28 novembre 2009
"Nous, immigrés volontaires, (...) nous avons certainement une riche contribution à apporter au débat.
Comme une majorité de Français, 64% des personnes interrogées, (enquête BVA les 27 et 28 octobre), je considère que l’objectif principal du gouvernement correspond, par le biais de ce débat, à une volonté de mobiliser les électeurs de droite en vue des élections régionales. D’autre part, il est inquiétant qu’un ministère créé en 2007 attende deux ans avant de tenter de se définir ! En même temps, cette opération 100% politique fait ressurgir un débat digne d’attention.
Nous, immigrés volontaires, au contraire de beaucoup forcés à quitter leur pays d’origine, nous avons certainement une riche contribution à apporter au débat. L’heure est à l’universalité. La France a apporté au monde une certaine conception de l’universalité des droits et de la République. Au XVIIIème siècle, les droits de l’Homme ne sont pas les droits des Français car le message se voulait universel. Cependant, comme tous les grands pays d’immigration, la France doit poser, ou reposer, la question de son identité nationale. Ses traits ne peuvent avoir la fixité d’un Dorian Gray mais s’enrichissent, s’ajustent et évoluent au gré des vagues migratoires. Si nous recentrons le débat sur la volonté de vivre ensemble et non simplement les références à l’histoire, à la « terre » et au « sang », alors la gauche a son rôle à jouer dans la définition contemporaine de l’identité française. Il n’est plus question de définir les soi-disant « bons Français » des mauvais. Le débat devient une dynamique de rassemblement, sous-tendue par des valeurs qui sont celles de la République. La République a un idéal « liberté, égalité et fraternité ». Elle a une langue, le français. Elle a enfin un acteur central, l’Etat, gardien de l’intérêt général.
Les concepts d’identité et de nation existent depuis longtemps mais l’expression « identité nationale » n’existe que depuis les années 1980. Le premier livre dont le titre contient l’expression « identité nationale » remonte à 1978 (catalogue de la BNF). Il est plus facile d’écrire sur les nations, formées les unes par rapport aux autres et que certaines caractéristiques distinguent que sur les identités nationales qui sont des phénomènes transnationaux. La nation est le résultat de la volonté générale suivant le nationalisme républicain qui suppose l’adhésion à des valeurs communes. Au contraire elle est fondée sur l’hérédité, la terre et la religion catholique plutôt que la race suivant le nationalisme fermé de Maurras et Barrès. Mario Vargas Llosa nous rappelle combien ce nationalisme est dangereux : « Si l’on considère le sang qu’elle a fait couler au cours de l’histoire… l’alibi qu’elle a offert à l’autoritarisme, au totalitarisme, au colonialisme, aux génocides religieux et ethniques, la nation me semble l’exemple privilégié d’une imagination maligne ».
Les valeurs de gauche que nous défendons se retrouvent parfaitement dans une identité démocratique – expression que je préfère à identité nationale. Cette identité-là reflète les avancées politiques et les droits dont jouit le peuple – droit de vote, liberté de parole, droit à l’éducation etc. Cette identité démocratique n’a rien à voir avec une longue liste d’obligations que l’on devrait « cocher » pour se sentir bien Français, comme par exemple, connaitre les paroles de la Marseillaise. Elle ne peut constituer un obstacle pour refuser l’entrée sur le territoire français, comme le test sur les valeurs républicaines imposé à un étranger qui demande un visa. Elle n'autorise pas non plus un jeu d’opposition entre « nous » et « l’autre ». Elle ne permet pas le communautarisme mais réunit une communauté civique autour des principes juridiques et politiques et non simplement de langue et de traditions.
Notre interrogation doit être aussi plus riche et plus durable. Le couplage de la nation avec l’identité ou avec l’immigration est dangereux et laisse la porte ouverte à toutes les dérives. Préférons au contraire les identités au pluriel. Interrogeons les processus d’adhésion et de rejet à une identité parfois assignée plutôt que choisie. Posons la question de l’intégration trop souvent perçue comme une assimilation et donc perte de sa culture. Enfin, posons des questions plutôt que d’essayer d’avancer des affirmations. Ce débat ne peut être figé dans le temps. Il ne faut pas qu’il devienne une machine à exclusion.
Helene Conway, Dublin
vendredi 27 novembre 2009
"Cette "mosaïque" identitaire ne serait rien sans le ciment qui les unit, à savoir les valeurs de la République, qui depuis la Révolution sont les valeurs de la Nation."
Intervenant après avoir lu les contributions de François Nicoullaud et Monique Cerisier ben Guiga, je ne peux bien sur que partager cette vision d'une identité comme destin choisi et partagé dans la tradition de Renan. Je souhaitais seulement ajouter un ou deux commentaires complémentaires.
L'identité n'est pas un état de fait: c'est aussi une perspective. Même si elle projette notre propre ombre devant nous, nous laissons quelques pas dans le noir, pour reprendre une image d'Hannah Arendt, l'histoire nous éclaire et nous aide à voir où nous allons avec notre identité "composite et fluctuante" pour reprendre les termes de Monique. Cette "mosaïque" identitaire, tant personnelle que sociale, qui nous constitue est une belle image. Au delà de la beauté des éléments qui la constituent, de la qualité de leur assemblage, cette "mosaïque" identitaire ne serait rien sans le ciment qui les unit, à savoir les valeurs de la République, qui depuis la Révolution sont les valeurs de la Nation.
Au delà du fond de la question qui mérite et méritera toujours une vraie discussion, il convient aujourd'hui de combattre la manière opportuniste dont ce débat est ouvert par Nicolas Sarkozy, via Eric Besson. Si bien sûr la gauche et la droite (ou plutôt les gauches et les droites) ont pu et peuvent encore se distinguer dans l'approche politique de ce thème de l'identité nationale, je pense que le débat actuel n'est pas un affrontement idéologique gauche-droite simpliste; ne tombons pas dans ce piège. Des tas de gens issus de la tradition "des droites" ne se retrouvent visiblement pas dans ce débat et surtout dans la manière dont il est tactiquement utilisé.
Ma conviction est que ces petits jeux ne prennent plus vraiment, ou du moins plus autant que ceux qui instrumentalisent ce débat le croient ou l'espèrent. C'est donc bien en s'emparant de ce débat et en l'élevant que nous contribuerons à mettre cette approche populiste en échec. La modeste mais riche contribution des Français du Monde peut largement aider à élargir les perspectives et la mise en ligne de ce forum est donc une très bonne idée.
Pierre Avédikian, Autriche
L'identité n'est pas un état de fait: c'est aussi une perspective. Même si elle projette notre propre ombre devant nous, nous laissons quelques pas dans le noir, pour reprendre une image d'Hannah Arendt, l'histoire nous éclaire et nous aide à voir où nous allons avec notre identité "composite et fluctuante" pour reprendre les termes de Monique. Cette "mosaïque" identitaire, tant personnelle que sociale, qui nous constitue est une belle image. Au delà de la beauté des éléments qui la constituent, de la qualité de leur assemblage, cette "mosaïque" identitaire ne serait rien sans le ciment qui les unit, à savoir les valeurs de la République, qui depuis la Révolution sont les valeurs de la Nation.
Au delà du fond de la question qui mérite et méritera toujours une vraie discussion, il convient aujourd'hui de combattre la manière opportuniste dont ce débat est ouvert par Nicolas Sarkozy, via Eric Besson. Si bien sûr la gauche et la droite (ou plutôt les gauches et les droites) ont pu et peuvent encore se distinguer dans l'approche politique de ce thème de l'identité nationale, je pense que le débat actuel n'est pas un affrontement idéologique gauche-droite simpliste; ne tombons pas dans ce piège. Des tas de gens issus de la tradition "des droites" ne se retrouvent visiblement pas dans ce débat et surtout dans la manière dont il est tactiquement utilisé.
Ma conviction est que ces petits jeux ne prennent plus vraiment, ou du moins plus autant que ceux qui instrumentalisent ce débat le croient ou l'espèrent. C'est donc bien en s'emparant de ce débat et en l'élevant que nous contribuerons à mettre cette approche populiste en échec. La modeste mais riche contribution des Français du Monde peut largement aider à élargir les perspectives et la mise en ligne de ce forum est donc une très bonne idée.
Pierre Avédikian, Autriche
mardi 17 novembre 2009
Identité nationale et fierté d'être Français
C'est pas moi qui le dis, c'est M. Besson : il faut réaffirmer la fierté d'être français. Cela m'a fait réfléchir au nombre de fois où je me suis senti fier d'être français.
En fait, je suis plutôt fier d'être breton. Fier de mes grands-parents qui ont dû quitter leur famille et émigrer pour que leurs enfants aient une vie meilleure. Fier des poilus bretons à qui on ne demandait pas de parler français pour servir de chair à canon. Par contre on interdisait à leurs enfants de parler breton dans les cours d'école gratuite, laïque et obligatoire quelques années plus tard.
On a essayé de me faire croire, lorsque j'étais à l'armée que, là où flotterait un drapeau français, la terre serait libre. Alors qu'en 2009, un Français de couleur noire est contrôlé 6 fois plus souvent par la police qu'un Français de couleur blanche et un Français d'ascendance nord-africaine sera contrôlé 8 fois plus souvent.
Il m'arrive d'être fier d'être européen, mais lorsqu'il a fallu que je défende mon ami espagnol qui venait s'inscrire à l'ANPE juste après être arrivé en France pour que ses droits soient respectés, je me suis demandé comment les milliers de sans-papiers ont pu prendre connaissance de leurs droits s'ils ne maîtrisaient pas notre langue.
Il m'arrive d'être fier d'être un être humain, lorsque des vacanciers sur une plage naturiste en Espagne viennent en aide à des émigrés atteignant la côte espagnole après une traversée de la Méditerranée, morts de froid et en pleine déshydratation.
Je ne suis pas fier d'être un être humain lorsque, lors d'un match de foot, 75 000 personnes imitent les cris d'un singe dès qu'un joueur de couleur touche le ballon. J'ai, à ce moment-là, envie d'être un singe.
Claude Chapron
En fait, je suis plutôt fier d'être breton. Fier de mes grands-parents qui ont dû quitter leur famille et émigrer pour que leurs enfants aient une vie meilleure. Fier des poilus bretons à qui on ne demandait pas de parler français pour servir de chair à canon. Par contre on interdisait à leurs enfants de parler breton dans les cours d'école gratuite, laïque et obligatoire quelques années plus tard.
On a essayé de me faire croire, lorsque j'étais à l'armée que, là où flotterait un drapeau français, la terre serait libre. Alors qu'en 2009, un Français de couleur noire est contrôlé 6 fois plus souvent par la police qu'un Français de couleur blanche et un Français d'ascendance nord-africaine sera contrôlé 8 fois plus souvent.
Il m'arrive d'être fier d'être européen, mais lorsqu'il a fallu que je défende mon ami espagnol qui venait s'inscrire à l'ANPE juste après être arrivé en France pour que ses droits soient respectés, je me suis demandé comment les milliers de sans-papiers ont pu prendre connaissance de leurs droits s'ils ne maîtrisaient pas notre langue.
Il m'arrive d'être fier d'être un être humain, lorsque des vacanciers sur une plage naturiste en Espagne viennent en aide à des émigrés atteignant la côte espagnole après une traversée de la Méditerranée, morts de froid et en pleine déshydratation.
Je ne suis pas fier d'être un être humain lorsque, lors d'un match de foot, 75 000 personnes imitent les cris d'un singe dès qu'un joueur de couleur touche le ballon. J'ai, à ce moment-là, envie d'être un singe.
Claude Chapron
lundi 16 novembre 2009
"Etre français, c'est juste (...) être français du monde"...
Etre français, c’est juste, comme le dit si bien le nom de l’ADFE, être Français du monde et c’est dommage que le gouvernement de M. Sarkozy n’ait pas compris cela… Mais je crois que c’est le contraire : ils l’ont compris et le combattent et c’est cela le pire !
Younes Benali
Rabat
Younes Benali
Rabat
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